Scoliose : une opération complexe maintenant pratiquée au GHdC

18/10/2021

Depuis le mois d’avril, les patients ayant une scoliose nécessitant une correction chirurgicale peuvent se faire opérer au GHdC.

Mélanie (nom d’emprunt), 17 ans, présente une scoliose de 90°. "La scoliose est une déformation en S de la colonne vertébrale qui survient durant la croissance, sa sévérité est mesurée par l’angle d’inclinaison entre deux vertèbres (les vertèbres d’une colonne normale sont parallèles, avec un angle de 0°), explique Dr Simon Vandergugten, orthopédiste au GHdC. Durant le pic de croissance pubertaire, le traitement est basé sur la kinésithérapie et sur le port d’un corset orthopédique de manière à arrêter la progression. La grande majorité des scolioses ne doit pas être opérée car la déformation ne progresse habituellement plus lorsque la croissance est terminée. Si la scoliose dépasse 50°, elle continue à progresser de manière non contrôlée. Le patient peut alors avoir des répercussions cardio-pulmonaires, neurologiques et fonctionnelles (douleur). A ce stade, la balance bénéfice/risque penche vers la correction chirurgicale. Le risque principal est de rendre le patient paraplégique car la moelle épinière qui suit la déformation, est étirée lorsqu’on redresse la colonne vertébrale."

Pour améliorer la correction mais surtout pour diminuer les risques neurologiques, une préparation est nécessaire : un halo crânien a été posé sur la tête de Mélanie à l’IMTR. Cette technique permet d’étirer la colonne et la moelle épinière de la patiente durant 3 semaines au sein du service de médecine physique du Dr Olivier Nonclerq et sous la surveillance de l’équipe de kinésithérapie de Vincent Reynders. « Cet halo crânien est relié à un poids qui peut aller jusqu’à 30% du poids du patient. Dans ce cas de figure, on parle de 15 kg suspendus à sa tête » détaille l’orthopédiste.

Depuis le mois d’avril, après 2 années de préparation, les conditions de sécurité sont réunies pour opérer les scolioses sévères au sein du GHdC. Une première au sein de notre établissement ! « C’est un travail d’équipe, un projet multidisciplinaire qui fait intervenir le service de kinésithérapie, de médecine physique, de neurologie, de cardiologie et pneumologie, de pédiatrie, de radiologie, des soins intensifs, d’orthopédie et surtout une équipe d’anesthésie de pointe formée à cette chirurgie » détaille Dr Serge Troussel, orthopédiste au GHdC.

Les anesthésistes ont, en effet, un rôle très important à jouer car cette opération est loin de ressembler à une autre. « Quand on redresse la colonne, la moelle épinière se tend comme la corde d’un arc, on doit donc vérifier son fonctionnement tout au long de l’opération, témoigne Dr Olivier Carelli, anesthésiste au GHdC. Pour ce faire, on stimule le cerveau à l’aide de petites aiguilles pour vérifier que l’information circule bien dans les muscles des mains et des jambes et inversement en stimulant des nerfs sensitifs des pieds et des poignets. Si on voit que les réponses commencent à diminuer, on ne va pas plus loin. Pour ne pas perturber ce neuromonitoring, le protocole d’anesthésie est très strict. Certains médicaments habituellement utilisés sont contre indiqués, ce qui constitue un défi immense et demande une surveillance constante et rapprochée. » Une opération délicate durant laquelle tous les acteurs travaillent ensemble pour le bien-être du patient. « Une réflexion pour une prise en charge optimale de la douleur a également été menée avec l'ensemble des intervenants (chirurgiens, intensivistes et pédiatres) » explique Dr Anne Pirson, anesthésiste au GHdC.

Cette opération dure 6 heures et demande la présence de deux chirurgiens, deux anesthésistes et d’un technicien neurophysiologique, ainsi qu’une équipe infirmière rodée. Un travail minutieux et de longue haleine réalisé, dorénavant, une fois par mois au sein de notre établissement.