La réalité virtuelle au service des patients du centre de réadaptation
La réalité virtuelle ne se limite plus aux divertissements. Le champ des possibles de ce nouvel outil est énorme et trouve désormais toute sa place dans le domaine de la médecine, notamment en médecine physique. La bonne nouvelle est que cette technologie est maintenant disponible au sein de nos centres de rééducation.
Pour les lecteurs qui ne sont pas des amateurs de jeux vidéo, la réalité virtuelle est une immersion complète dans un monde virtuel, à l’aide d’un masque spécifique qui offre un champ de vision à 360° et des écouteurs pour produire le son adéquat. La réalité virtuelle médicale est l’utilisation de cette immersion dans un monde virtuel à des fins médicales. En médecine physique, ce nouveau type de traitement a commencé à faire ses preuves.
Une rééducation précoce indispensable
Par exemple, 60% des patients ayant présenté un accident vasculaire cérébral peuvent présenter des troubles de la commande motrice et cognitive, responsables d’une diminution de la qualité de vie. Une rééducation fonctionnelle précoce, intensive et prolongée est indispensable et recommandée. La réalité virtuelle peut être adjointe à la rééducation classique et permet de fournir des feedbacks en temps réel, favoriser l’utilisation du membre atteint et mettre en oeuvre des exercices variés et spécifiques. Ce qui est intéressant est que le programme adapte automatiquement la difficulté de l’exercice en fonction de la performance du patient.
De plus, l’aspect ludique est une source de motivation pour les patients dont l’adhérence à cette longue réadaptation peut être perturbée par différents facteurs tels que la dépression et la fatigue. En 2020, trois méta-analyses ont montré l’efficacité thérapeutique de la réalité virtuelle chez les patients cérébro-lésés : d’une part, sur l’activité et les fonctions motrices du membre supérieur; d’autre part, dans l’amélioration des différents paramètres de marche (longueur de pas, rythme et vitesse). Deux récents essais contrôlés randomisés ont également permis de démontrer l’efficacité de la réalité virtuelle dans la réadaptation des troubles cognitifs (de la mémoire et de l’attention) secondaires à un accident vasculaire cérébral.
Réduire la douleur pour mieux appréhender le quotidien
La réalité virtuelle a montré également des résultats intéressants dans le domaine de la douleur. La douleur demande de l’attention et, si une certaine part de cette attention peut être divertie, le patient aura une réaction plus lente aux signaux de douleur émergents. La réalité virtuelle agit directement et indirectement sur la perception et le signalement de la douleur par l’intermédiaire de l’attention, de l’émotion, de la concentration, de la mémoire et d’autres sens. L’effet de la réalité virtuelle dans la réduction de la douleur, est relié à la capacité d’attention limitée de l’être humain. Une étude s’appuyant sur l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle auprès de patients en santé qui utilisaient la réalité virtuelle alors qu’ils étaient exposés à un stimulus douloureux (simulateur de douleur thermique au pied) a démontré une réduction de plus de 50 % dans l’activité cérébrale reliée à la douleur dans 5 zones du cerveau. Une étude portant sur 9 sujets de 20 à 38 ans comparait la simulation de la réalité virtuelle à des analgésiques opioïdes durant une stimulation de douleur thermique et les résultats étaient mesurés à partir du signalement subjectif de la douleur et de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle. La réalité virtuelle et les analgésiques opioïdes obtenaient des résultats très semblables sur le plan de la réduction de la douleur, et il a par ailleurs été démontré qu’une combinaison d’opioïdes et de réalité virtuelle se traduisait par une réduction additionnelle significative dans les signaux de douleur.
En rééducation, l’utilisation de la réalité virtuelle est donc intéressante chez des patients qui souffrent par exemple d’un syndrome douloureux régional complexe surtout que le programme propose une rééducation en thérapie miroir.
La réalité virtuelle prend de plus en plus de place dans notre société et notamment dans le domaine médical.
Son utilisation en milieu clinique et les recherches futures corroboreront probablement l’efficacité de cette technique dans divers autres domaines. Dans un futur proche, nous espérons pouvoir lancer des études qui se pencheront sur l’utilisation de la réalité virtuelle dans notamment les troubles de l’équilibre.
